c'est pas juste toi et moi. et pis ça fait un an que toi et moi aussi, ça a commencé à couler. c'est le 13 juillet 2011 que tout a commencé à s'écrouler. ça fait un an que je suis morte. y'a eu un moment où je me suis mise à me battre, mais ce moment est passé. je ne sais pas combien de temps ça me prendra et si on s'en sort un jour. je ne sais pas pourquoi ça me prend autant de temps, ça ne doit pas être normal. "dur et nostalgique". non, c'est pas dur et nostalgique ce que je vis là. je ne veux pas de bonheur non plus. tout ce que je veux, c'est vivre, tout simplement. ce n'est pas dur, ce n'est rien, en fait. je ne ressens rien. rien du tout. en dedans de moi y'a juste une terre sèche, une terre brûlée, une terre noire, dévastée. rien ne m'intéresse vraiment. je m'accroche à quelque chose juste parce que je sais que sinon, je suis faite, aussi bien de me suicider. ce qui comptait toujours le plus pour moi, c'était les gens, les connus et les inconnus, mais là ils ne comptent plus. je n'en veux plus. j'ai pas d'ambitions. pas de rêves. toi, ton bonheur, au moins t'en veux. éventuellement, tu veux une femme, une famille. là, tu veux voyager. moi, je veux rien. en écrivant tout cela, je ne pleure même pas. dans ce temps ci, si je pleure, c'est de désespoir. pas le désespoir qu'on a quand on espère quelque chose en vain (celui qui a tué Allain: "Oh, fou Dieu qu'on dit miséricorde, Pourquoi qu' t'as pas, en secours, Balancé des cieux au lieu d'une corde Deux épaules de velours Où pendre leurs bras et tordre La potence de tes discours?"), mais celui qui est l'absence de tout espoir. c'est pas les beaux moments qui me manquent. ce qui me manque, c'est d'avoir une attitude envers des moments, heureux ou malheureux. là, tout est pareil, tout est indifférent.
depuis un an tu me dis que j'irai bien bientôt. à date, c'est juste de pire en pire. je me demande si je touche le fond ou pas encore. je suis une machine qui ne marche plus. moi qui ressentais toujours quelque chose, qui avais des sentiments forts et une fidélité envers mes croyances, qui avais toujours de l'optimisme même dans les pires moments, qui avais plein de rêves et de détermination... je ne sais pas où c'est parti. j'écoute de la musique avec des paroles moins qu'ordinaires juste pour avoir du beat dans les oreilles. pour que quelque chose remplisse le vide dans ma tête. et quand j'entends, par hasard, des chansons sur des poèmes, je ne ressens rien. ça ne me rejoint plus. ça ne veut plus rien dire. les seules fois que je pleure en écoutant de la poésie, c'est quand j'entends du Leprest, et même là, c'est juste le son de sa voix. qui résonne dans le vide.